Archives de catégorie Burn-out

Burn-out : quel en est le mécanisme ?

 Le burn-out ou épuisement professionnel

 Burn-out : mot-à-mot, c’est « consumé de l’intérieur »

 Le burn-out fait partie des 7 troubles psychosociaux, la partie visible des risques psychosociaux.

Ce terme s’appliquait initialement aux professionnels de la relation d’aide, aux soignants. Il était utilisé spontanément par les soignants ou bénévoles pour parler de leurs collègues surmenés et devenus cyniques vis-à-vis des personnes qu’ils prenaient en charge (et avec souvent recours à des substances addictives pour tenir). On peut désormais le généraliser à de nombreuses professions.

Il s’agit d’une complication grave du stress professionnel qu’il vaut mieux prévenir que guérir.

Le burn-out ou épuisement professionnel correspond à un trouble de l’adaptation. C’est un phénomène qui se construit en 4 étapes : (Source : CGSST, fascicule 1, 2003)

–   Etape de l’idéalisme : la personne se consacre entièrement à l’organisation qui l’emploie mais avec un travail exigeant et des conditions non forcément favorables. Elle a un très haut niveau d’énergie et est remplie d’ambition d’idéaux et d’objectifs très élevés. Elle investit énormément de temps et d’énergie.

–   Etape de stagnation : la personne se rend compte que malgré tous ses efforts, les résultats ne sont pas à la hauteur de ses attentes. L’organisation exige toujours plus et les efforts ne sont pas reconnus. La personne redoublera d’ardeur, elle se mettra à travailler le soir, les fins de semaine pour répondre aux exigences de son travail.

–   Etape de la désillusion- frustration : la personne est fatiguée et déçue. Les attentes de l’organisation sont démesurées et la reconnaissance se fait attendre. La personne se dit qu’elle ne pourra jamais y arriver. Elle devient impatiente, irritable et cynique. Dans cette période, la personne peut commencer à consommer de stimulants pour travailler et/ou de somnifères pour dormir.

–   Etape de démoralisation – apathie : la personne est « au bout du rouleau ». Elle perd intérêt pour tout, elle est épuisée physiquement. Elle a brûlé toutes ses réserves et devient incapable de travailler, c’est le burn-out.

On reconnait le burn-out par les trois symptômes clés qui le caractérisent :

–   Un épuisement émotionnel : une fatigue intense avec des douleurs diffuses (dorsalgies ou migraines) et des troubles du sommeil ; anesthésie, froideur

–   Un sentiment de « déshumanisation »(dépersonnalisation) qui se traduit par un détachement émotionnel de plus en plus marqué, allant même jusqu’à l’absence d’émotions envers les autres, voire une totale indifférence à leur souffrance : manifestation d’un certain cynisme

–   Un désenchantement vis­-à-vis de son métier et le sentiment d’inutilité de ce qu’on y fait, et l’impression d’être incapable d’apporter la moindre aide aux autres : sentiment d’inefficacité, diminution des idéaux, diminution de l’accomplissement personnel et professionnel, démotivation, frustration.

Le burn-out se manifeste par de grandes perturbations émotionnelles et psychologiques dans la relation avec les autres.

Le risque de connaitre un burn-out est important dans certains métiers où il y a une confrontation régulière à des situations éprouvantes sur le plan émotionnel. C’est le cas des policiers, infirmiers, enseignants, travailleurs sociaux, pompiers,….Toutefois, ce phénomène est de plus en plus répandu dans les métiers confrontés à une surcharge du fonctionnement psychologique, mental ou cognitif.

Burn-out : comment le repérer pour être alerté ?

Le burn-out fait partie des pathologies liées aux nouvelles formes d’organisation du travail appelées « pathologies de surcharges ».

L’épuisement professionnel entraîne un syndrôme psychologique à trois dimensions : l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et la réduction de l’accomplissement personnel.

On peut mesurer son degré de burn-out.

L’échelle d’auto-évaluation la plus employée est le Maslach Burn-out Inventory (MBI). Télécharger ECHELLE_DE_MASLACH_BURNOUT

Les trois dimensions sont mesurées séparément (pas de score global de burn out). 

  • Neuf items pour l’épuisement émotionnel
  • Cinq items pour la dépersonnalisation de la relation
  • Huit items pour l’accomplissement personnel

On peut être alerté par rapport aux signes cliniques et aux stades d’évolution de l’état du burn-out :

Premier stade : les signes discrets 

– Troubles cognitifs (attention, concentration, mémoire, manque de mots, lapsus)

– Diminution de la productivité et l’auto-accélération : augmentation de l’implication, «présentéisme » pour tenter de retrouver efficience et satisfaction antérieures

– Fatigabilité

– Déni du surmenage et de la surcharge de travail

Deuxième stade : Les symptômes physiques et psycho-comportementaux visibles

– Troubles du sommeil

– Fatigue qui résiste au repos

– Irritabilité, accès de colère, sensibilité accrue aux frustrations

– Labilité émotionnelle importante (rires, larmes)

– Perte de plaisir au travail (+ d’effort = – de satisfaction)

– Céphalées, douleurs généralisées, tensions musculaires

– Troubles du comportement alimentaire (yoyo pondéral)

– Troubles digestifs (transit, nausées, …)

– Infections virales (ORL) à répétitions

– Recours aux addictifs (pour tenir)

Troisième stade : l’atteinte de l’état caractéristique

– Assèchement affectif et émotionnel (« plus rien ne me touche »)

– Déshumanisation de la relation, Cynisme (attente « jubilatoire » » de la catastrophe)

– Démotivation, Vécu d’échec, d’impuissance, d’inutilité

– Vécu de perte de maîtrise sur son travail, de vieillissement, d’obsolescence (« dépassé », ne se reconnaît plus dans l’évolution du travail, du métier)

– Vécu d’usure, de répétition « sans fin » (« le tonneau des Danaïdes »)

– Prises de risques, négligences, perte de rigueur

– Rigidité face aux modifications de l’organisation du travail: Méfiance, « résistance aux changements »

– Repli sur soi, fuite des lieux de convivialité, vécu de solitude

Le burn-out ne concerne que l’activité professionnelle et il n’est pas amélioré durablement par le repos. Après une suspension temporaire par l’éloignement du contexte professionnel, l’épuisement peut revenir dès la reprise du travail dans les mêmes conditions. 

Burn-out : quels sont les facteurs de déclenchement ?

Des facteurs organisationnels agissent sur chacune des trois dimensions du syndrôme d’épuisement professionnel (Source : Souffrance et Travail)

« La transformation des organisations depuis 1980 s’est accompagnée de la diffusion des diverses formes de l’intensité du travail » (Michel Gollac, sociologue au CEE)

L’intensification du travail

L’intensité et la complexité du travail ne sont pas mesurables directement. Toutefois, on peut les appréhender à travers :

–          les contraintes accrues du rythme de travail

–          le cumul des contraintes industrielles et marchandes même dans les métiers de service (cadence, normes de production, réponse immédiate à la demande, contact clients)

–          les objectifs irréalistes et flous : « mission impossible », impossibilité d’atteindre un résultat satisfaisant

–          les exigences de polyvalence

–          les responsabilités

–          les injonctions paradoxales que le travailleur arbitre lui-même : rapidité, procédure, normes, qualité, sécurité, satisfaction client, tâches multiples, réduction des effectifs

–          les interruptions d’activités et la sous-qualification

–          l’usage des nouvelles technologies.

Si  le travailleur ne bénéficie pas de suffisamment de marge de manœuvre ou de soutien pour y faire face, le cumul de ces contraintes cause des risques favorisant le burn-out. De même si cette complexité n’est pas reconnue et ne s’inscrit pas dans une trajectoire de développement personnel.

Le risque est également présent quand l’augmentation de la charge de travail dans un temps donné ne permet plus de dégager et de valoriser le temps nécessaire à l’élaboration collective des situations de travail (des modifications de la manière de faire, la construction de nouvelles compétences). De même si les organisations du travail sont déficientes.

Les relations avec la hiérarchie

L’échec de la psychodynamique de la reconnaissance dans le travail génère fortement la dégradation du sentiment d’accomplissement personnel du burn-out.

La reconnaissance, c’est :

  • être reconnu pour ce que l’on fait
  • se reconnaître dans ce que l’on fait

Le vécu de non reconnaissance de l’effort consenti, de l’expérience, de la compétence et le vécu d’inachèvement, d’insatisfaction dans l’accomplissement de la tâche  portent atteinte à l’estime de soi (frustration, culpabilisation, démotivation, auto-dévalorisation).

Par ailleurs, la confrontation du travailleur au déni de perception de la réalité par son encadrement peut être épuisante et désespérante.